Sommaire
1. En partant du constat de notre réalité actuelle, que peut nous offrir l’utilisation de la Communication
NonViolente ?
2. Présentation de Marshall B. Rosenberg et du Centre pour la Communication NonViolente
3. Ce que Marshall Rosenberg a dit…
4. Lectures recommandées et informations utiles
1. En
partant du constat de notre réalité actuelle, que peut nous offrir
l’utilisation de la Communication NonViolente ?
Il
suffit aujourd’hui d’ouvrir les journaux, d’écouter la radio ou de regarder la
télévision pour se rendre compte que le sentiment général d’insécurité va
croissant.
Cela
se manifeste partout, dans les écoles, tant parmi les élèves que parmi les
enseignants (racket, irrespect, détérioration du matériel, etc.), dans les
familles (divergence de valeurs concernant l’éducation des enfants, perte de
repères par rapport aux limites, etc.), dans les quartiers (vols, agressions,
etc.), entre les pays ou régions (guerres ethniques, économiques, etc.)…
Face
à cette réalité et à ce qu’il
perçoit comme insécurisant, l’être humain a
tendance à réagir le plus souvent de deux
façons : par l’agressivité –
parce qu’il se défend ou se rebelle –, ou par la
fermeture et la soumission –
parce qu’il a peur et cherche à se préserver ou
à nier ce qui l’effraie.
Si l’agressivité est fréquemment dénoncée,
on réalise moins souvent combien la peur nous amène à prendre des mesures qui
ne font qu’accroître l’isolement et la méfiance entre les personnes. Ainsi, on
voit certains établissements scolaires s’entourer de grillages qui les font
ressembler à des casernes, des quartiers sous surveillance, l’accès de nos
immeubles ne se fait désormais plus que rarement sans code d’entrée, dans les
familles on fuit le dialogue plus qu’on ne le recherche…
Enfin,
chacun de nous est susceptible, même inconsciemment, de se couper de ses
émotions pour éviter de ressentir trop de souffrance devant une réalité qui lui
semble intolérable et face à laquelle il se vit comme de plus en plus
impuissant… C’est ainsi que de façon imperceptible, nous nous engageons dans un
cercle vicieux qui nous ramène soit à la colère (explosion), soit à
l’enfermement sur soi (implosion), dans une forme d’absence et de passivité.
Face
à cela, est-ce que cet art du dialogue appelé
« Communication NonViolente » peut
nous aider ?
La Communication NonViolente est basée sur les principes
suivantes :
- Nous essayons tous de satisfaire nos besoins.
- Nous nous portons mieux lorsque nous savons
répondre à nos besoins dans un esprit de coopération plutôt que d’une manière
agressive.
- Chacun de nous a des ressources personnelles
remarquables s’il reçoit la compréhension bienveillante qui lui permet de se
mettre en lien avec celles-ci.
- Une des expériences qui nous comble le plus
est de participer au bien-être d’autrui et au nôtre. Lorsque nous vivons de
tels moments, nous avons davantage le sentiment que ce que nous faisons a du
sens et notre estime de nous s’accroît.
La Communication NonViolente va
donc nous inviter à tenter une troisième option, autre que l’agression ou le
repli : celle de la
coopération. Certes, l’agressivité libère et procure un
soulagement à court terme. Quant à la fermeture, elle donne provisoirement
l’idée qu’on est à l’abri. Cet agrément cependant est d’un tout autre ordre que
celui que nous éprouvons lorsque, de notre plein gré, nous collaborons avec
d’autres ou faisons plaisir à quelqu’un.
Selon Marshall Rosenberg, il est dans notre
nature profonde d’aimer cela par dessus tout. Quel enfant ne nous l’a pas
démontré en venant joyeusement nous dire : « Tiens, je t’ai fait un
dessin ! ». Son cadeau est
gratuit, l’enfant n’attend rien d’autre que de contribuer à notre contentement.
Des années plus tard, nous retrouvons en nous le même élan de générosité que
cet enfant-là. Ne nous sentons-nous pas en effet plus heureux d’avoir permis à
quelqu’un de nous comprendre plutôt que de l’avoir injurié ? Ou d’avoir
permis à deux de nos collègues de se réconcilier plutôt que d’avoir fait
le choix de nous détourner de leur conflit ?
S’il
existe de multiples façons de favoriser
l’émergence du goût pour la coopération chez
l’être humain, la spécificité de la Communication
NonViolente est d’utiliser, pour ce faire, le
langage. Par une attention portée aux mots et à ce qu’ils cachent ou révèlent,
se développe en nous une conscience des choix qui sont les nôtres face à ce qui
nous arrive.
Si, par exemple, quelqu’un nous traite
d’imbécile, nous avons différents choix : le choix de l’insulter en
retour, de nous sentir blessé ou vexé, de nous en aller, ou encore – et c’est
là ce qu’on apprend en utilisant le processus de Marshall Rosenberg – de nous
arrêter un instant pour respirer et nous rappeler très vite que l’autre ne
parle toujours que de lui et de ses besoins insatisfaits, même et surtout quand
il paraît nous accuser. Ainsi nous nous dirons peut-être :
« D’accord, j’ai pris ses paroles contre moi, c’est un réflexe… mais que
cherche-t-il à me dire de lui ? Visiblement il est mécontent… peut-être
aurait-il aimé plus de considération pour son point de vue ? » Le
simple fait de chercher à comprendre la vraie motivation de la personne qui, en
apparence, nous attaque, contribue à nous rendre moins vulnérable à ce qui
était censé nous atteindre. Ainsi, nous pouvons créer un espace où la rencontre
demeure possible.
Cela
ne s’apprend pas en un jour… Mais les principes de base sont si simples qu’on
les saisit en très peu de temps. Il n’y a plus, ensuite, qu’à s’exercer pour
faire ce qui est préconisé, c’est-à-dire placer son attention d’une façon qui
ne soit dommageable ni pour soi ni pour l’autre et qui va alors permettre
d’ouvrir le dialogue, afin de trouver des solutions créatrices pour satisfaire
les besoins de chacun.
2. Présentation de Marshall B. Rosenberg et du Centre pour la Communication
NonViolente
« J’ai
été frappé par le rôle déterminant du
langage et de
l’usage que l’on fait des mots. J’ai depuis lors
défini un mode de
communication – d’expression et d’écoute
– qui nous permet d’être généreux et
de trouver un contact vrai avec nous-mêmes comme avec autrui,
laissant libre
cours à notre bienveillance naturelle. C’est ce que
j’appelle la Communication NonViolente…
Car bien que nous puissions avoir l’impression que notre façon de parler n’a
rien de violent, il arrive souvent que nos paroles soient source de souffrance
pour autrui et pour nous-mêmes. »
Marshall B. Rosenberg
Né en 1934, Marshall Rosenberg a grandi à Détroit,
dans le Michigan. Au moment où sa famille s’établissait dans cette ville, des
tensions raciales dégénérèrent en émeutes qui firent plus d’une quarantaine de
victimes. Quelques semaines plus tard,
lors de la rentrée scolaire, il découvrit à son insu qu’« un patronyme
pouvait être aussi préjudiciable qu’une couleur de peau », lorsque
certains de ses camarades prirent l’habitude de l’attendre à la sortie des
cours pour le tabasser parce qu’il était à leurs yeux un « sale
youpin »…
C’est à partir de ces événements que la quête de
Marshall Rosenberg a débuté. Il n’eut de cesse de trouver un mode d’expression
qui supprimerait la nécessité de recourir à la violence. Il reçut en
1961 le titre de docteur en psychologie clinique de l’université du Wisconsin
et se vit accorder cinq ans plus tard la plus haute distinction du Jury
américain de psychologie professionnelle. C’est également en 1966 (il
travaillait alors comme médiateur dans des conflits entre des militants en
faveur des droits civils et des institutions engagées à supprimer toute
ségrégation raciale) qu’il fonda le Centre pour la Communication NonViolente, organisation à but non lucratif destinée à
promouvoir cet art du dialogue invitant à une bienveillance mutuelle.
Actuellement
directeur pédagogique du Centre qu’il a fondé, Marshall Rosenberg, avec ses
confrères, a fait connaître le processus de la Communication NonViolente
à des dizaines de milliers de personnes dans une quarantaine de pays – y
compris des pays en guerre – et sur les cinq continents. Ces formatrices et
formateurs s’adressent à des publics extrêmement variés : pédagogues,
élèves et étudiants, parents, dirigeants et personnel d’entreprise, professionnels
de la santé physique et mentale, avocats, juges, prisonniers, agents de police,
religieux, etc.
3. Ce que Marshall Rosenberg a dit...
… de la Communication
NonViolente :
« La Communication NonViolente n’est pas une langue, elle n’est pas une
affaire de mots ; c’est une attitude qui nous permet de rejoindre un
courant d’énergie à partir duquel il est possible de donner du plus profond de
son cœur. Et donner du fond du cœur n’est pas une affaire de culture. Plus je
voyage, plus je découvre de nouvelles cultures et plus je suis convaincu que
cela fait simplement partie de la nature humaine. J’ai été extrêmement touché
de constater le nombre de fois où j’ai été l’objet de cette générosité.
Je suis donc convaincu qu’il s’agit d’un processus
naturel. Mais il est certes possible, dans certains contextes, que quelque
chose interrompe ce courant et rendre plus difficile de parvenir à s’y engager
ou de se laisser porter par lui. La Communication NonViolente n’est donc qu’une manière
de se rappeler tout cela, de se rappeler où mettre notre attention afin que ce
flot, qui est naturel, puisse s’écouler librement.
La Communication
NonViolente est une façon de nous
rappeler où nous voulons mettre notre attention. Ce qui ne veut pas dire
nécessairement qu’il faille employer certains mots à des moments spécifiques.
Alors, me direz-vous, pourquoi passer tant de
temps à travailler sur les mots ? Je ne connais pas d’autre moyen d’amener
l’attention des gens là où j’ai envie qu’elle soit, si ce n’est en rendant
clairs les observations, les sentiments, les besoins et les demandes qui, tous,
font partie de ce courant. Quand nous sommes reliés à ce niveau-là, le flot se
répand tout seul. »
(Propos recueillis lors d’une session intensive à
Wépion, en Belgique - août 1996)
… des besoins :
Quels sont les besoins que vous considérez comme
fondamentaux ?
« Ce dont on a réellement besoin pour vivre
une vie épanouissante n’est pas si compliqué. Il y a trois catégories
principales : les besoins liés au maintien de la vie, nourriture, abri,
etc. ; les besoins sociaux, de contact ; et les besoins spirituels,
ou le besoin de sens. Les autres besoins dérivent de ceux-ci. Ainsi par
exemple, c’est du besoin d’être en lien que viennent les besoins d’honnêteté,
de respect, de compréhension et d’amour.
Le monde a
énormément de ressources pour satisfaire les besoins de chacun, mais lorsque
les gens deviennent conscients de leurs vrais besoins, ils font de mauvais
consommateurs.
Notre économie réclame de nous que nous croyions
avoir besoin d’une Rolex, d’une Lexus ou d’un McDo. Mais il ne s’agit pas là de
besoins, il s’agit de stratégies. Et le style de vie que ces stratégies
engendrent fait que beaucoup de besoins réels sont laissés pour compte. Nous
avons besoin de contact, mais les membres d’une famille américaine moyenne
regardent la télévision dans des chambres séparées, sans même s’adresser la
parole.
Je
crois que nous serions bien plus heureux en vivant plus simplement. Lors de la
guerre du Vietnam, comme je ne voulais pas que mes impôts servent à payer les
bombes qu’on larguait sur des villages, j’ai donné mon argent à des œuvres de
bienfaisance et vécu avec un revenu minimum. C’est l’une des meilleures choses
que j’aie jamais faites. Il y a eu certains mois où je me suis inquiété de
savoir comment j’allais payer mon loyer, alors j’ai fait le chauffeur de taxi
pour gagner un peu plus, mais je n’en étais pas moins heureux. »
Il est facile de désespérer quand on se demande
comment soulager les problèmes du monde. Avec votre expérience de médiateur
dans les situations de conflits, comment parvenez-vous à conserver votre foi en
l’humanité ?
« Je
travaille sur toute la planète avec des gens si pauvres qu’ils ne savent pas
d’où viendra leur prochain repas et avec des gens qui ont plus d’argent que ce
qu’ils parviendront jamais à dépenser. Où que j’aille, je découvre que lorsque
les gens sont dans ce que j’appelle ‘leur état naturel’, il n’y a rien qu’ils
aiment davantage que de contribuer au bien-être d’autrui. »
[…]
Est-ce que votre modèle de Communication
NonViolente est quelque chose que les communicateurs doués
pratiquent naturellement ?
Je suis sûr que les gens communiquent de cette
façon naturellement. J’ai développé ce modèle en observant des personnes que je
respectais et en leur demandant comment elles parvenaient à être efficaces
quand d’autres s’emberlificotaient dans toute la déraison ambiante. Quand on
regarde de près ce processus, on se rend compte que tout le monde le connaît
déjà. Il ne faut que de la bienveillance et de l’honnêteté. Rien de neuf. J’ai
simplement tenté d’être concret quant à la manière d’apprendre à vivre bien.
[…] En fait, j’essaie simplement de raviver dans les mémoires des enseignements
qui existent depuis la nuit des temps. »
(Extrait d’une interview réalisée par Vishvapani pour
la revue Dharma Life,
Grande-Bretagne – avril 2003)
… juste après le 11
septembre 2001 :
« Ces 35 dernières années, mes collègues et
moi-même avons travaillé à travers le monde pour aider à résoudre des conflits
entre gangs, groupes ethniques, tribus et régions en guerre. Nous avons
constaté maintes fois que, d’une part, les actions motivées par le désir de
punir engendrent des mesures de représailles de la part de ceux que l'on punit
et, d'autre part, que des actes motivés par un désir de paix engendrent des
actes de paix. Dans les deux cas, ces
actes sont à l'origine de cycles pouvant durer des années, des générations, des
siècles.
Moi-même et d'autres membres de mon organisation
avons travaillé avec des personnes combattantes au Rwanda, au Burundi, en Sierra Leone, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Serbie,
en Croatie, en Israël et en Palestine.
Notre expérience nous a enseigné que l'on peut aboutir à une paix et à
une sécurité véritables, même si tout laisse croire le contraire, à la
condition que les gens soient capables de percevoir "l'humanité" de
ceux qui les attaquent. Et ceci exige de
nous quelque chose de bien plus difficile à réaliser que de tendre l'autre
joue ; il s'agit de donner de l'empathie pour les peurs, les blessures,
les rages et les besoins humains inassouvis qui sous-tendent les attaques en
question.
Notre travail a pour but d'aider les gens à
apprendre à être empathiques avec les besoins et les préoccupations d'autrui et
à commencer à percevoir que "l'autre camp" est tout simplement un
groupe d'êtres humains qui tentent de se protéger et de satisfaire leurs
besoins. Nous avons vu la haine et le
désir de punir se transformer en espoir – quand les gens recevaient de
l'empathie de la part de ceux-là mêmes qui avaient assassiné leurs
familles. Nous avons vu les auteurs
d'actes violents manifester des regrets sincères à propos de ce qu'ils avaient
fait - après avoir reçu de l'empathie de ceux qui avaient été violentés par
leurs actions. Nous avons vu, de part et
d'autre, des êtres humains lâcher leur désir de se punir et, ensuite, oeuvrer
ensemble pour faire en sorte que les besoins de tous soient comblés. Nous avons vu d'anciens ennemis créer
ensemble des programmes ayant pour but de réparer les dégâts qu'ils s'étaient
infligés et d'assurer la sécurité des générations à venir.
[…]
S’il
existe une réponse au vaste problème qui se pose à nous, elle consiste à
chercher des solutions qui répondent aux besoins de toutes les personnes
concernées. Ceci n’est pas un idéalisme utopique. J’ai vu de telles solutions
être créées – maintes et maintes fois – de par le monde. »
(Extrait d’une déclaration faite à La Crescenta,
Californie – septembre 2001)
4. Lectures recommandées et informations
utiles :
De Marshall
B. Rosenberg
• Les mots sont des fenêtres
(ou des murs), introduction à la Communication NonViolente
- Éditions La Découverte, 1999 et 2005
• La Communication NonViolente
au quotidien - Éditions Les
Pratiques Jouvence, 2003
• Life-Enriching Education - PuddleDancer Press, 2003 (à paraître
en français)
• CD des conférences de Marshall Rosenberg
De Marshall B. Rosenberg, Neil
GIBSON, Shari
KLEIN
• Nous arriverons à nous entendre. Suivi de Qu'est-ce qui vous met en colère ? Éditions Jouvence, 2005
De Thomas
d’Ansembourg
• Cessez d’être gentil, soyez vrai ! Être avec les autres en restant
soi-même - Éditions de l’Homme, 2001
• Être heureux, ce n’est pas nécessairement
confortable, Les Éditions de l'Homme, 2004
De
Jean-Philippe Faure et Céline Girardet
• L’empathie, le pouvoir de l’accueil, ,
Éditions Jouvence, 2003
De
Jean-Philippe Faure
• Éduquer sans punition ni récompense,
Éditions Jouvence, 2005
De Lucy Leu
• Exercices pratiques de communication nonviolente
pour accompagner l’ouvrage “Les
mots sont des fenêtres (ou des murs) -
Éditions La Découverte, 2005
Afin
de garantir éthique et cohérence dans l’application de la Communication
NonViolenteSM CNV, nous vous informons que
le matériel est la propriété intellectuelle du Center for NonViolent
Communication et est réservé à l’usage des formateurs certifiés du réseau.
A
l’heure actuelle, il y a en France quatorze formatrices et formateurs agréés
par le Centre pour la Communication NonViolenteSM. D’autres
personnes se forment dans le cursus de certification et seront agréées
prochainement.
La
liste des transmetteurs actuellement autorisés peut vous être communiquée par
l’Association pour la Communication NonViolente.
13bis bd St Martin - 75003 Paris
acnvfrance@wanadoo.fr