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COMPTE-RENDU DE LA REUNION DU 27/04/2003

Comités " Insurrection des Consciences " Paris et Région Parisienne



Réflexion autour de la notion du politique dans notre mouvement

 

25 personnes, issues des Comités Paris et Région Parisienne (75, 78, 91, 94, 95) et Indre et Loire, étaient présentes pour réfléchir autour de ce thème du politique.

 I - Synthèse des débats Internet (Martine Castello)

Beaucoup de débats ont eu lieu sur Internet, autour de la dimension politique du Mouvement " Appel pour une Insurrection des Consciences ".

Aujourd’hui, on a un statut de parti politique en termes financiers. Cependant, certaines personnes ne sont toujours pas d’accord avec la dimension politique du mouvement. On a donc rajouté le terme " non conventionnel ". Mais qu’entend-on par " non conventionnel " ?

Les forums sociaux ont soulevé le problème, car selon leurs chartes, un parti politique ne peut y participer. Des difficultés sont apparues également pour la réservation de salles (sous quel nom ? quelle association ?).

Il a été décidé, lors de l’Assemblée Générale de Marsaz en janvier dernier, que nous sommes désormais un mouvement politique. Pierre Rabhi a clairement dit que si nous ne sommes pas politiques, nous serons un mouvement associatif de plus, et il n’en est pas question.

Il est nécessaire que la "vision du monde" portée par le mouvement s’incarne dans la société Le seul acte politique du Mouvement, au sens conventionnel, sera de proposer la candidature de Pierre Rabhi aux élections présidentielles de 2007. Que Pierre Rabhi remporte les élections présidentielles prochaines est notre utopie finale ! Il faut donc avoir une force de proposition concrète.

Les analyses de Marc Groussain (du Comité 23 et membre du Collège) sont évoquées, et notamment les contradictions politiques de notre Mouvement : " la première est d’affirmer que nous ne poursuivons pas la quête de l’accession au pouvoir, tout en nous fixant pour objectif transitoire prioritaire la présentation d’un candidat aux prochaines élections présidentielles. La seconde, est d’interdire à tout membre du Mouvement, en tant que tel, de postuler à tout autre type de mandat électoral ainsi que de soutenir officiellement un candidat, alors que nous avons absolument besoin des élus requis pour créer les conditions optimales de réussite de notre objectif ".

L’association de financement qui fait de nous un parti politique comme un autre pose apparemment problème.

Il semblerait que des personnes du Mouvement dans le Vaucluse soient en tractation avec d’autres mouvements politiques. Doit-on laisser faire ?

 Un manque de positionnement par rapport à des événements importants comme la guerre en Irak a été dénoncé. Pourquoi n’a-t-on pas fait de communiqué de presse ? Est-ce le rôle du Collège ? Aurions-nous dû participer aux manifestations ? En notre nom propre ou au nom du Comité (qui est l’émanation d’un tout) ?


II -Bref rappel historique et principales actions des Comités 75 et Région Parisienne

 Comité 91 (Arnaud Chiffaudel)

Les activités du Comité 91 ont démarré en janvier 2002. Leur lieu d’accueil est un restaurant bio-équitable " Couleurs du Monde " de Jouy-en-Josas où des réunions ont lieu trimestriellement. Le Biocoop de Verrières-le-Buisson relaye également leurs informations par tracts sur place. Si l’on prend en compte toutes les réunions des 5 sous-groupes (voir détail ci-dessous) et du comité restreint, il y a donc une réunion hebdomadaire qui se passe chez les uns ou les autres, selon les disponibilités.

70 personnes étaient actives pendant la Campagne Présidentielle 2002. Après la Campagne, il a été décidé de poursuivre l’élan initié, notamment en raison du partage de valeurs communes. Une liste confidentielle comprenant les adresses et propositions de chacun a été mise en place. Aujourd’hui, une centaine de personnes font partie du Comité 91. Les initiatives ont démarré et se concrétisent autour de 5 groupes d’action ou réflexion :

ð Adresse du site 91 : " colibri91.free.fr "

 

Comité 75 (Agnès Duraffour)

En mars 2002, Pierre Rabhi a donné une conférence à Paris. Cet événement a été le point de départ du Comité 75. De juillet à octobre, le Comité 75 a connu une rupture de communication et a repris ses activités en novembre 2002. Compte tenu de son histoire, son développement est totalement différent de celui du Comité 91 (chaque comité a son développement spécifique, il est donc difficile de faire des comparaisons).

Pour être bref, rappelons l’essentiel de ses activités :

En avril 2003, nous avons élaboré un projet très concret de recours à la terre, inscrit dans une dynamique culturelle plus élargie, en réponse à l’appel à projet lancé par le Conseil Local pour l’Environnement de la Ville de Montreuil, sur son site des Mur à Pêches.

Ce lieu historiquement classé était très prisé au début du siècle pour la culture des pêches notamment (le long de murs de craie qui réfléchissent la lumière et la chaleur). Cet appel à projet a pour intention de réhabiliter ce lieu tombé en désuétude tout en le préservant de l’urbanisation. Des parcelles de terrain seront ainsi accordées aux associations dont le projet aura été accepté, celles-ci ayant la responsabilité de les entretenir selon un cahier des charges, dans le cadre de leur projet (1 hectare de la surface totale de 100 hectares est consacré à cette expérience).

Notre projet Racine en Ville, (Jardin Biologique d’Expérimentation Individuelle et Collective) a ainsi été déposé le mercredi 30 avril à Mairie de Montreuil.

Pour qu’il puisse être reçu, nous ne devions pas afficher d’ancrage politique. Une association doit donc se constituer dans cette perspective (contact : Henri Morinière et Olivier Obermajster).


Comités 95 et 78

Ils commencent à se structurer et prendre leur autonomie.
Le Comité 95 représente une vingtaine de personnes. " Tout reste à construire ". Il souhaite focaliser son action sur le concret, en créant notamment une AMAP.

 

III - Synthèse des débats sur la question du politique

Tout d’abord, il y a consensus sur le fait d’être un mouvement politique pour l’ensemble des personnes présentes.

En mai 2002, la question de la politique non conventionnelle avait été débattue en Assemblée Générale. En janvier 2003, le mouvement politique a été créé.

Ce débat n’intéresse pas le Comité 95 : " Cette question a déjà été débattue en janvier à Marsaz, l’important est d’être actif. "

 

Quelques propositions :

Dans le contexte du Mouvement Insurrection des Consciences, il semble en tout cas que la notion de mouvement politique soit plus générale et satisfasse plus de gens. En revanche, dès qu’on prononce le terme de " parti politique ", ça passe moins bien.

En France, sur un plan juridique, on a le droit de se réunir pour faire de la politique (droit constitutionnel). On peut s’associer pour faire de la politique, aucune structure est rendue nécessaire. Mais à partir du moment où il y a des financements, des lois strictes doivent être appliquées : on n’est pas libre de gérer l’argent ni de présenter des candidats comme on veut.

 

On devrait pouvoir définir ce qu’est pour nous la politique non-conventionnelle.

Comment se reconnaît-t-on de notre Mouvement et pas d’un autre ? Il faut donc avoir un positionnement précis, une existence sociale réelle.

Quelle est notre intention première ? Que Pierre Rabhi soit élu ? Il est important de pouvoir répondre à cette première question pour que nos actes soient aussi clairs que possible.

Il faut réhabiliter la notion du politique, car cette notion est aujourd’hui très pervertie. L’économie et le financier dirigent la politique, de là naît la perversion. L’argent doit être au service de la politique que l’on a décidée. Il faut sortir de la logique du marché, être dans les alternatives économiques, remplacer le concept de concurrence par celui de complémentarité.

Arnaud Chiffaudel : " Le texte de Marc Groussain me heurte dans le but trop restrictif des Présidentielles 2007. Un seul but  ne m’intéresse pas, tout le reste est important. Il faut renverser l’articulation économique et politique actuelle, à savoir que l’homme et le politique soutiennent l’économique. On veut au contraire que le politique soutienne l’homme, et l’économique soit un outil. Il faut faire vivre les systèmes économiques alternatifs déjà mis en place, et en créer d’autres (Dominique Guillet disait lors de la conférence au Salon Marjolaine/nov. 2002 que " cultiver son jardin est un acte politique "). "

Se définir par la politique en actes est plus porteur que par la politique non conventionnelle. Au-delà des mots (où tous les partis vont jusqu’à dire la même chose), la clé pour notre mouvement se situe dans les faits, le concret. La vie politique non conventionnelle se reflète aussi dans une vie personnelle différente (simplicité, sobriété heureuse…), l’organisation locale entre les personnes. Savoir se passer des multinationales, s’organiser entre producteurs à la base (AMAP), les démarches " Sortir du nucléaire "… sont des actes forts. " On est un comité soutenu par Pierre Rabhi et non plus un soutien à Pierre Rabhi " (comme pendant la Campagne 2002).

La politique non conventionnelle se traduit aussi par un fonctionnement non conventionnel, dans les échanges de chacun (exemple de l’AG de Marsaz et l’utilisation des gestes en cas d’approbation, refus…). Eviter le vote au maximum et privilégier l’auto proclamation sont des démarches non conventionnelles.

Ce qu’inspire Pierre Rabhi, les valeurs comme l’intériorité (préférée à la spiritualité, encore trop connotée) et le fait de ne pas voir l’autre comme un ennemi, sont le plus important.

La Charte et le Manifeste doivent faire émerger ce qu’on donne à voir, à être.

Nous devons faciliter la reconnaissance mutuelle de ceux qui veulent changer de mode de vie : se mettre en réseau. La structure politique doit être marginale par rapport au rôle de chacun. Quand on se nomme (mouvement " Appel pour une Insurrection des Consciences "), il faut veiller à ne pas se refermer. La question d’appartenir à une entité n’est-elle pas stérilisante ? On doit aussi pouvoir remettre en cause ce qui a été décidé plus haut, le non conventionnel s’exprime aussi par l’autonomie des comités.

Michèle, sympathisante du Comité 91, est engagée dans un autre parti par ailleurs (les Verts). Elle aimerait que notre mouvement Appel pour une Insurrection des Consciences débouche. Selon elle, pour être connu, il faut avoir un comité électoral et mettre en place des réseaux. Travailler sur des objectifs ponctuels ne suffit pas, il faut aller au-delà et relayer tous les efforts.

Aurait-on un complexe à s’affirmer sous la bannière "Insurrection des Consciences" ? Doit-on faire la promotion de notre mouvement ? Il y a une réelle difficulté à exister sur le contenu. Il faut assumer les contradictions.

 

Le problème se situe au niveau de la responsabilité collective. Quand on se met ensemble, c’est toujours plus difficile. Aujourd’hui, les points de ralliement (en cours d’élaboration) sont la Charte, les Statuts et le Manifeste. Il est sage dans un premier temps de s’ancrer dans les pratiques locales et ne pas se précipiter dans le système qui, lui, nécessite beaucoup d’efforts et d’argent. Il ne faut pas placer la démarche personnelle contre la dimension collective. Le Collège est une émanation des 100 personnes présentes à l’AG de Marsaz. Mais il y a nécessité d’un relais qui canalise chaque ramification.

Le fait d’être non conventionnel est plus difficile car on part d’individualités. Ce n’est pas en reproduisant un énième parti que l’on va changer la société. La seule solution : changer nos pratiques individuelles.

Agnès souligne la nécessité d’un juste équilibre entre l’échange (créer du lien, vertu de la parole dans le sens de l’élaboration) et l’acte concret. Il lui semble important de faire preuve de "solidarité créative et de cohésion" par rapport à l’action du Collège. Il n’y a pas le Collège "en haut" et nous "en bas", nous sommes le Collège…! Une relation de non-autorité entre le Collège et les Comités fait partie aussi du non conventionnel.

La cohérence, oui, mais autour de valeurs de l’être humain. Le propos est de porter cette incarnation de valeurs, d’être dans la cohérence. Au Etats-Unis par exemple, 30 à 40 % de la population ne se reconnaît plus dans les valeurs de la société américaine. D’où la nécessité d’une réalité institutionnelle d’une autre dimension politique. Attention : la structure ne doit pas être un étouffoir mais au contraire susciter l’épanouissement. Cette nouvelle émergence n’aura véritablement de poids que si le changement est réel dans les faits et attitudes d’un nombre significatif de personnes.

Le mouvement est une fédération de comités qui donne champ libre à chaque comité de se structurer comme il l’entend. Le Collège est une sorte de Comité, il doit apprendre à travailler. Il est en phase de transition et rencontre actuellement des problèmes dans l’organisation pratique. La cohérence peut se faire à l’intérieur de chaque comité qui, pour une action précise, se concerte et décide de manière autonome.

Si la base est vraiment solide, la structure (représentée par le Collège) ne pourra pas être déviée.

Vouloir être autonome et demander l’autorisation pour agir (se référer aux statuts par exemple) pourraient paraître contradictoires. Et si les statuts ou la chartre spécifiaient de ne s’en remettre à personne…. ?! (rires)

L’homme a été dépossédé et devient victime d’être trop assisté. Il doit se réapproprier sa responsabilité d’être humain. Le problème actuel de la gestion de l’eau l’illustre très bien. On est complice des politiques si on décide de laisser faire. Il faut amener les hommes à reprendre le contrôle dans la société (notion de démocratie participative qui fait l’objet, d’ailleurs, d’une grande récupération). A nous d’être vigilants !

Le principe de la laïcité est évoqué. Si l’on veut être dans le champ du politique, il est essentiel que nous soyons laïcs. Une définition de la laïcité est difficile à donner. Il a été tacitement entendu dans ce mouvement de ne pas afficher une quelconque "intention spirituelle". Mais la notion de sacré, oui. L’ouverture au sacré est essentielle (le sacré pourrait se définir par le secret de chacun au plus intime de chacun). La politique doit redonner une place au sacré. L’usage du terme semble toutefois problématique pour certains.

Le nom du mouvement suscite des réflexions dans le Comité 91 : le nom " Insurrection des Consciences " passe mal tout seul. Il provoque des réactions inquiètes à l’extérieur, une certaine incompréhension. Il faut donc expliciter le terme, ce qui est un peu long. En sous-titre, il passerait bien.

D’un point de vue pratique également, le besoin d’un nom se fait sentir. " Agir pour une Terre humaine " a été retenu par le Comité 91 jusqu’à présent. Pour ouvrir un compte en banque, il faut un nom. " Colibri " passe bien. Les mots trop connotés doivent être évités. Si un nom fait plus de 3 mots, il risque de se transformer en sigle. A-t-on envie d’être défini par un sigle ? Le nom ne doit pas comporter de mot négatif mais plutôt raisonner comme " un autre monde est possible ". Toutefois, l’usage de l’intitulé actuel "Appel pour une Insurrection des Consciences" n’est pas du tout simple à utiliser et à formuler (consensus sur ce point).

On a le sentiment qu’on n’a pas encore trouvé véritablement notre identité, donc le nom définitif du Mouvement ne sort pas. Il y a de plus en plus de gens qui pensent autrement et qui ne le savent pas. Ces pensées nouvelles vont jusqu’à l’incarnation d’un mouvement politique, d’un parti. La créativité naît de ce qui existe. Fédérer des réseaux, porteurs de cette pensée nouvelle, pourrait être une voie. En tout cas, il n’y a rien d’étonnant que le mot conscience dérange.

Pour terminer, une blague espiègle de Martine (clin d’œil aux colibris) qui nous a bien fait rire : on évoque constamment l’exemple du colibri. Pour être encore plus efficace pour éteindre l’incendie qui ravage notre terre, ne faudrait-il pas être des pélicans ?!! (La réserve d’eau dans leur bec serait plus appropriée aux circonstances !)



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